Impressions de Moscou
Impressions de Moscou
Je ne suis pas bien placée pour parler des moscovites et encore moins des russes en général.
J’ai logé briévement dans Moscou intramuros dans un quartier sympa, j’ai dû voir trois hommes saouls en dix jours, à peine plus de chiens errants dans les squares.
Je me risque cependant à donner quelques impressions en vrac…
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Non-russophone, vous n'échapperez pas à l'indigestion de caractères cyrilliques ;-) |
PEOPLE
La gentillesse des moscovites, le calme ambiant (ce sont de vrais nordiques et nous, nous sommes indéniablement des latins !), le souci de l’Autre ont vraiment tranché avec l’affreuse ambiance qui régnait dans notre kommunalka.
J’ai vraiment beaucoup apprécié le contact humain en Russie. Il est vraiment possible d’avoir rapidement une vraie conversation et l’autre ne rechignera pas à s’ouvrir. La richesse et le caractère novateur de l’enseignement en Russie sont bien connus. On les ressent effectivement par la variété des sujets que l’on peut aborder. Il y a également une vraie générosité des gens.
Cependant, j’ai rarement rencontré des gens aussi fatalistes. J’avoue que le fatalisme à la russe (omniprésent) m’a vraiment fatiguée. Il est poussé à son paroxysme dans les Kommunalki. Il est visible partout, y compris dans les œuvres d’art. Et pourquoi, pourquoi cette fascination des artistes pour le morbide, le glauque, le sordide ? Certains diront que c’est parce que les russes ont vécu 75 ans de communisme mais il faut admettre que c’est un trait de caractère ancestral ce fatalisme.
A côté, nous sommes des enragés, des perpétuels insatisfaits, des volontaires. Finalement, pendant que j’étais en Russie, je me suis dit que râler c’était pas mal si ça permettait d’avancer ;-)
CLICHÉS
Pour ce qui est des idées fréquemment répandues au sujet de la Russie, je conseille à tout un chacun d’aller y faire un tour…
• Union soviétique : soyons clair, la page a été tournée, les statues de propagande déboulonnées, les musées sont en révision idéologique et les plus belles berlines ont supplanté les ladas. Moscou est une ville tout à fait moderne. J’ai plusieurs fois entendu que Moscou, à ce rythme-là, était en train de perdre son âme, sacrifiant ses spécificités à une standardisation mode « capitale européenne ». On y trouve les mêmes boutiques en franchise qu’à Paris, Madrid, New York…
Ce qui est troublant, c’est que finalement la moitié de la population russe est un peuple qui a vraiment souffert (on nous l’a dit et redit…), qui est marqué, l’autre partie, c’est la jeunesse aussi insouciante et consommatrice que la nôtre. Les quadragénaires sont au tournant de deux vies.
• Le métro de Moscou : Alors, non, il ne m’a pas transcendée… Je m’attendais à une sorte de musée, j’ai vu des stations assez crasseuses, peu éclairées. Quelques unes sortent du lot. Maman aussi l’a trouvé bien moins attrayant et entretenu que dans les années 70. Par contre, il est bien conçu (sauf que sous-dimensionné en terme d’escaliers et escalators, effet « entonnoir » inévitable en heure de pointe mais les russes savent être patients), rapide, super pratique. Ses escalators peuvent paraître vertigineux comparés à ceux de Paris. Le Métro de Moscou est très profond.
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Il faut savoir que j'ai joué sans le savoir à la "femme bionique" à Moscou. En effet, j'étais la seule à monter les marches deux par deux. Une vieille habitude de pas mal de français, non ? Ca avait l'air d'étonner les moscovites dans la rue alors imaginez quand je montais les marches des interminables escalators du métro deux à deux grâce à la file de gauche souvent libre. Bon je veux bien croire que ce n'est pas très féminin mais je n'ai vu aucun homme faire ça non plus...
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Après 10 jours de bons et loyaux services et d'intempéries, mon plan de métro est ruiné.
• Alcoolisme : J’ai pu voir de l’alcoolisme léger et constant « à l’allemande », c’est à dire que personne ne va s’étonner de voir un type boire son litre de bière pendant qu’il prend le métro. En même temps, je n’ai heureusement pas vu de comas éthyliques ou équivalent. Je soupçonne la militsa de dégager illico du centre-ville tous les fauteurs de trouble.
• Sécurité : RAS dans Moscou intramuros. Au contraire même, je me suis sentie plus en sécurité là-bas qu’à Paris. A noter que la ville ne dort jamais. De nombreuses boutiques sont ouvertes 24h/24, 7j/7. La ville regorge de cafés et restaurants, très très animée, c’est vraiment excellent.
• Femmes russes : Non, les bombes atomiques n’envahissent pas les rues – surtout par 5°C. Les filles russes sont comme les européennes, de tous types physiques. Simplement, elles sont plus féminines, plus maquillées, à 95% perchées sur de hauts talons et à 99% les cheveux longs. En outre, elles ont la chance de pouvoir se vêtir comme elles le souhaitent (petites jupes, décolletés) sans se faire harceler constamment - comme ça serait le cas en France.
Attention, ça ne signifie pas que l’homme russe ne drague pas. Bien au contraire. Mais tout cela se fait plus subtilement avec des regards explicites sans lourdeur. Les hommes français devraient en prendre de la graine !
• Circulation routière : Oui, Moscou est un bouchon géant d'au moins 8 heures du matin à 21 heures minimum...