Paris - Nice - Moscou en train - Avril 2011

(Re) découverte de Moscou en dix jours : 19-21/04/11


19/04/2011 Magie de Kolomenskoïe

Les deux journées les plus froides du séjour se profilent. Notre calcul ne s’est pas révélé si pertinent car il nous reste principalement des visites en extérieur.

Nous nous rendons à Kolomenskoïe, un vaste parc situé à 10 km de Moscou, facilement accessible en métro. Il doit être magnifique en été mais là nous sommes emmitouflées dans nos vêtements. Juste les yeux qui dépassent. Tout se visite individuellement.

Kolomenskoïe est un ensemble architectural surprenant, un vieux village.

Il abrite même la maison en bois de Pierre le Grand. En contrebas, la Moskova.

 

On va se restaurer dans un des deux « cafés » situés à l’entrée. On prend les entrée et plat du jour. Tout commence bien avec des concombres à la crème, c’était avant les « coeurs de poulet – purée » que Maman m’avait traduit comme « poulet ». Oh mon Dieu ! On avale sans respirer, on commande une soupe-rince-bouche, on fait abstraction. L’amertume part définitivement avec un cheesecake bien sucré.

 

Comme dans tous les restaurants fréquentés, je remarque l’excellence du service en salle. Exécuté avec rapidité. Les serveurs récapitulent toujours la prise de commande avec vous. Un plat fini est aussitôt débarrassé.

Entrée de l'ensemble Kolomenskoïe, sous le soleil.

 

L'Eglise de l'Ascension inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco.

 

Nous faisons le tour de Kolomenskoïe à toute vitesse. Fini le soleil de la matinée. Décision est prise de ne pas rester en banlieue vu le temps affreux. Je m’arrête un instant pour sentir cette odeur si particulière de peinture dans les rues. Cette odeur et l’odeur de l’aneth – omniprésente dans les plats russes – resteront à jamais mes odeurs de Moscou.

 

Il semblerait que ça soit une peinture à base de goudron.

 

Le temps est exceptionnellement froid. Tout le monde nous le dit. Mais malgré tout, partout tout commence à être repeint « à la russe ». C’est-à-dire « couche sur couche » voire même « couche sur crasse ». Presque jusqu’à faire disparaître les formes. A mon arrivée en gare de Biélorussie, j’avais sentie cette odeur presque poivrée. Je dirais qu’elle n’est pas désagréable en petite quantité et insupportable en grande. Pas la peine de mettre un écriteau tant elle est détectable.

On passe devant la spectaculaire entrée du Parc Gorki.

Dure traversée de ce pont... Nous sommes congelées...

Nous grelottons jusqu’à l’entrée du métro. Il y a une station fermée – Park Kultury – qui nous oblige à faire un grand détour à pied.

En chemin, le Ministère de la Défense et son "mini-char" sous plexiglas.

 

Quoi de mieux pour se réchauffer que de visiter un musée ? On pioche dans notre programme du lendemain la maison-musée Tolstoï située comme une « oasis » en centre-ville. A découvrir absolument pour s’imprégner de son atmosphère bourgeoise, de la marque de l’écrasante personnalité du maître des lieux, de la densité de sa famille (treize enfants dont cinq morts en bas âge) et du très bon goût de son épouse.

Encore une fois, la demeure est tournée vers un jardin où aucune végétation n’a encore point. Cette confortable datcha de bois est une chance, un témoignage unique de ce qu’était une vie de privilèges. De nombreux objets intimes la rendent très vivante.

On enchaîne les points chauds. Direction le quartier Arbat. On flâne dans un magasin. A la sortie, c’est le comble. Il neige.

Nous sommes quand même fin avril … J’en ai un peu marre et demande qu’on rentre se réchauffer « chez nous », ne serait-ce pour une heure.

Le conflit d’Irina et de ses voisins - dont nous prenons la mesure chaque jour - commence à beaucoup nous peser et à avoir des répercussions sur notre organisation. Cela fait deux/trois soirs de suite que nous n’arrivons pas à rentrer dans l’appartement, la serrure tournant à vide. Bien sûr, les voisins nous entendent nous échiner et sonner mais ne se déplacent pas. Ce soir-là, quinze minutes d’attente et on finit par atteindre le graal – l’ouverture de la porte.


08/06/2011
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20/04/2011 Retardataires

C’est notre dernière journée entière à Moscou. On se prépare avec hâte mais Irina, qui a certainement eu une panne de réveil, ne nous amène le café bouillant qu’à 9h30.

Deux conceptions s’opposent… Ma mère estime que par politesse on doit attendre qu’il refroidisse et partir après, et moi – j’assume ! – qui dis qu’elle exagère de nous pousser le petit-déjeuner à une heure aussi tardive et qui veux aller en prendre un autre dehors…

 

C’est une matinée laborieuse. Je commets une erreur de débutant dans le métro. Je me fie aux deux premières syllabes de notre destination et bien sûr j’aurais dû décrypter le reste du mot, nous arrivons à l’autre bout de la ville ou presque dans une station "faux-frère". Au final, nous atteignons la Nouvelle Galerie Tretiakov vers 11 heures (à ne pas confondre avec la Galerie Tretiakov) ! Je prends mon café dans son immense hall, tout vitré. Au plafond des lustres-sculptures d’un goût douteux composés de centaines de bouteilles de verre.

Le bâtiment ressemble à un préfabriqué géant. Ci-dessus, le jardin est en accès libre et propose de nombreuses sculptures plus ou moins réussies.

 

C’est un musée superbe consacré aux œuvres du XXème siècle. En passant d’une salle à l’autre, l’abandon progressif des thèmes religieux et des tableaux de petites tailles pour les grands formats de propagande est saisissant. Il s'achève par des oeuvres contemporaines, voire même «très contemporaines », c’est-à-dire que chacun y trouve ou non l’inspiration, y voit ou non un intérêt. Je crois que je progresse en diplomatie...

 

Depuis les étages de la Galerie, quelques vues sympas sur Moscou :

Le parc des statues déboulonnées qui jouxte les jardins de la Galerie. Lieu-dit Sokolniki.

L'hallucinante statue de Pierre le Grand, 96 mètres de haut...

Un début d'explication ici

Bateau-karaoké sur les bords de la Moskova !

 

Ensuite, nous allons déjeuner dans le quartier de Kitaï Gorod pour nous rapprocher du Musée du Goulag (censé fermer à 16 heures mais c’est à 19 heures dans la réalité, accessible 16 rue Petrovka dans une cour, 100 roubles). Le musée est petit certes, mais intéressant à double titre. D’une part, il est auto-financé et n’existe que par la volonté de certains russes humanistes – bravo à eux. D’autre part, il m’a réellement permis de découvrir le monde du Goulag. 

L'entrée...

 

La visite débute par la reconstitution d’un baraquement au RDC puis par des peintures, cartes et objets d’époque à l’étage. Les premiers goulags ont été construits autour de Moscou puis progressivement dans tout le pays, jusqu’en Sibérie. Une exposition photo récente nous prouve que la plupart existent encore à l’état de ruines dans des no man’s land. Ils étaient liés à des camps de travaux forcés (comme celui de la construction du Canal de Moscou d’une durée de cinq ans) où l’on mélangeait les criminels et les opposants politiques. Une dernière salle austère au RDC m’a marquée. Elle est consacrée à l’œuvre d’Euphrosinia Kersnovskaïa, jeune demoiselle victime du goulag, qui a retracé ses douze années de calvaire dans douze cahiers de 680 dessins. Très beaux dessins en plus.

Le récit d'Euphrosinia et ses dessins ont été publiés chez Plon en 1994.

 

Je conseille cette visite. Elle m’a rappelée par bribes les terribles, insoutenables dessins des enfants de Terezin au musée juif de Prague.

 

Sur le chemin du retour, Pouchkine, le "jealous guy". Au fond de la place, un des nombreux cinémas moscovites.

 

Retour à la réalité avec nos courses de denrées pour le retour en train Moscou-Cologne du lendemain. C’est la catastrophe en rentrant, notre clé est toujours inutile face à la serrure folle. Incroyable mais il n’y a personne dans l’appartement, semble t’il. Sauf Mourzik. Je lui demande d’aller chercher sa maîtresse, on l’entend miauler comme un fou, s’éloigner, revenir. Je vous l’avais dit que c’était un chat formidable, mon chat russe.

 

 

Mourzik dans la position du "dodo-escargot"

 

Irina arrive une heure plus tard et se confond en excuses. Maman est vraiment inquiète concernant le départ du lendemain et suggère que l’on ne sorte plus que l’une après l’autre. Non mais pince-moi, je rêve. Irina nous jure qu’elle ne sortira pas de la journée le lendemain et va nous préparer un café pour faire passer la pilule.


13/06/2011
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21/04/2011 Da Svidania Moskva !

J’ai envie de ramener un souvenir utile de Moscou : un bonnet… En hommage à ce prolongement subtil de l’hiver, en hommage au climat russe et à tous ceux qui le subissent, en hommage à mon béret qui n’est autre que celui de ma grand-mère, maintes fois lavé, ultra rétréci au lavage, laine rêche, n’a pas su me réchauffer ici…

 

Irina me donne une très bonne adresse, le marché du métro Timiryazevskaya… On s’est partagé nos derniers deniers avec maman : 1000 roubles pour nos repas de la journée et 3000 pour nos achats divers. Je trouve un chouette bonnet super douillet et au design bien féminin « made in Russia ». Ce qui est devenu une rareté à en croire Irina, les usines textiles ferment une par une comme chez nous. Je le négocie 500 roubles.

On fait le tour des lieux. On y trouve de tout. Initialement nous voulions flâner au marché aux puces d’Izmaïlovo, une institution pour les moscovites. Irina nous a certainement sauvé la mise en nous dissuadant d’aller là-bas en trois adjectifs : bondé, boueux, à "Perpète-lès-Oies".

 

Celui-ci remplit son rôle. Bon je ne vais pas m’étendre sur les conditions sanitaires des stands de boucherie et de poissonnerie… A quoi bon… Moi tout ce que j’ai mangé dans les restos était bien frais.

 

On repart dépenser nos derniers sous dans le supermarché de notre quartier. On achète ce qu’on peut et qui fera plaisir. On mange dans ce qui est devenu notre cantine. Les deux derniers repas sont vraiment fameux, on en profite, on se régale.

Guimauves aux airelles, préparation pour Kvas, gâteaux au miel, fruits confits...

 

Marketing oblige, on trouve cette marque de chips bien connue aux goûts locaux...

 

Au global, les dix jours à Moscou nous auront coûté un total de 750 euros à deux :

• 50 euros pour l’enregistrement de nos papiers (inévitable) et l’achat de nos tickets de métro.

• 700 euros pour nos repas et nombreuses collations, visites touristiques et culturelles, transports, cadeaux et théâtre de marionnettes. Je ne compte pas le Bolchoï payé d’avance.

C’est très correct. Je donne quelques tarifs ici.

 

Moscou est une ville abordable pour nous français sauf au niveau de l’hébergement. On y trouve tous les prix et toutes les qualités, à chacun de fouiller.

Un de mes regrets est de ne pas avoir réussi à réellement discuter avec Irina sur le niveau de vie, la situation des russes, son histoire… Autant elle nous posait beaucoup de questions, autant on ne se sentait pas de faire pareil.

 

L’après-midi, on est restées dans l’appartement pour se doucher sous toutes les coutures, se préparer, ranger. On est ressorties vers 19 heures pour notre dernier repas. De retour, on a dit au revoir à Irina et au chat Mourzik. J’ai dit en rigolant à Irina que je l’emmenais avec moi car il y a une touffe de poils sur mon bonnet du marché.

A noter que maman a attrapé un rhume, un gros rhume, et moi un « rhume périphérique » dû à la glaciale journée d’hier et ses sœurs. Aujourd’hui, il a fait un temps splendide du haut de ses 10°C sans vent. On s’est tellement habituées au froid avec nos vêtements de mi-saison qu’on a l’impression de vivre un début d’été.

 

Notre chauffeur de taxi passe nous prendre à 22 heures. C’est un peu tôt sachant que le train part à 23h44 d’une gare toute proche. Irina peste. C’est le même qu’à l’aller, toujours aussi serviable et aimable. Il vient chercher les valises sur le palier.

 

Irina nous met dans l’ambiance : gare glaciale, délinquants, dangers, pas de café… En fait, il n’y a pas de café mais un fast-food Subway et, là où je la rejoins, c’est qu’à cette heure-là il y a une faune incroyable, une véritable « cour des miracles ». Un autre Moscou.

Maman se lève toutes les  deux secondes pour voir si le train est arrivé. Il est assez vite là mais quel bazar ! Il est d’abord annoncé pour Prague, Maman stresse. Moi je me rappelle qu’il se divisera en plusieurs directions : Pays-Bas, Suisse, République Tchèque…

 

On monte pour Amsterdam sous le regard inquiet de Maman…

Notre train annoncé pour Prague...


14/06/2011
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