18/04/2011 Cold Novodievitchi
J’ai réussi à patienter jusqu’au petit-déjeuner pour goûter le koulitch. Vraiment très bon même quand Irina m’a dit d’un air particulièrement dramatique « dedans, beaucoup beaucoup de beurre, et des œufs, DES ŒUFS ! ».
Sur ses indications, nous nous rendons à un supermarché tout proche, habilement caché au premier étage d’une galerie commerciale. Je ne pourrai vous le réécrire en phonétique russe mais il se nomme « carrefour ». Alors je ramène de la vodka parfumée au cèdre, des chips « saveurs locales » au crabe et aux œufs de saumon, et – Russie oblige – ce que j’ai pris pour du paprika et qui était (bouh !!!) du chili…
En chemin, petit souvenir des Rameaux.
Puis nous nous dirigeons vers la banlieue sud de Moscou, métro Sportivnaya. Au loin, le fameux stade olympique. Maman me montre des patateries. Ce sont des sortes de petites roulottes vitrées dans lesquelles on peut manger sur des tabourets hauts des variantes d’un mets, des blinis par exemple.
Au métro Sportivnaya, on a cru à une journée "chaude" (12°C) mais c'était un leurre...
Incroyable de penser qu’un pareil joyau se cache dans cette zone HLM, coincée entre deux voies rapides… Nous voilà bientôt arrivées dans le monastère préféré des moscovites : Novodievitchi.
C’est encore un ensemble cerclé d’une muraille composé d’églises, bâtiments, tours, tombes, massifs de plantes. Il est vrai que Novodievitchi est particulièrement délicat, terriblement au goût du jour avec ses tons bordeaux et crème. Malheureusement il fait un froid terrible et un vent comme on dit en Normandie « à décorner les bœufs".
Malgré tout, on devine combien l’endroit est magnifique en été. On nous avait dit qu’il fallait ¾ d’heure au minimum de visite mais tout est fermé à l’exception de la « Tour de Sophie » qui abrite une exposition temporaire de peintures. Oui, vous devinez que cette fameuse Tour renferme une énième histoire sordide. Tout semble rouvrir en mai.
Lac gelé et immeubles type HLM juste derrière le monastère.
Un petit tour du quartier et nous franchissons les portes du très fameux cimetière Novodievitchi qui est un croisement entre le Père Lachaise et le Panthéon. Les bulbes commencent tout juste à émerger. Il y a de minuscules pousses vertes partout. Tellement de vent encore qu’une grosse branche d’arbre vient se briser sur un vase funéraire qui éclate à quelques centimètres de moi. Beaucoup d’hommes célébres vivent ici un paisible repos éternel. Non loin, une tombe toute fraiche, recouverte de centaines de fleurs, celle de Lyudmila Gurchenko, une actrice, artiste du peuple russe. Oui, je me souviens d’avoir vu passer la nouvelle de son décès dans le fil d’info de Ria Novosti. Le virtuel croise le réel.
Le temps se gâte. On quitte à regret ce cimetière hors pair pour se réfugier dans un restaurant uzbek. Le temps est tellement épouvantable, exécrable, qu’on va chercher sur le fil notre papier d’immigration. On voulait vraiment aller se balader sur le « Mont des Moineaux », un parc situé non loin de l’Université et surtout offrant – apparemment – une vue panoramique de la ville. De nombreux russes nous ont conseillé de le faire. L’Université étant une curiosité en soi, un des septs imposants buildings construits sous Staline et facilement reconnaissables dans la ville.
Lors d'un second voyage à Moscou en 2014, j'ai eu l'immense surprise de résider dans l'un des sept buildings. Étant arrivée de nuit, je ne m'en étais rendue compte que le lendemain au réveil en apercevant mon massif balcon.
Un des sept gratte-ciels staliniens, emblématiques de la capitale.
Nous repassons par la place Lubianka à la recherche du magasin d’état « Diestki Mir », « Le Monde des Enfants » car je veux ramener des jouets à mon petit garçon. Incroyable que le pouvoir russe de l’époque l’ait implanté en face du siège du KGB… Il est en travaux jusque juin. Nous avons du mal à garder nos parapluies ouverts.
Notre seule préoccupation est de manger quelque chose de chaud et de rentrer nous mettre à l’abri. Le temps est exceptionnellement froid à Moscou cette année, tout le monde nous le dit. Ce même soir, nous décidons avec Maman de faire nos comptes de manière approfondie, afin d’éviter de changer à nouveau et de payer l’importante commission. On se calcule un budget de fonctionnement journalier que l’on essaiera de tenir.
A noter : malgré le froid exceptionnel, Maman retrouve une de ses nombreuses madeleines de Proust. Les tranches de glace russe type napolitaine qu'elle avait tant aimé il y a quarante ans. Il fait froid et alors...? Ne repoussons pas les choses, savourons les !
J'ai goûté : excellent !