14/04/2011 Quartier Place Rouge
Le matin, direction la billeterie du Bolchoï (mot qui signifie grand en russe) pour récupérer des places de ballet achetées plusieurs mois auparavant. C'était une surprise pour ma mère. J'avais le choix entre plusieurs spectacles et mon choix s'est porté sur The Bright Stream de Chostakovitch qui débutait tôt, 19 heures. Ne sachant pas si Moscou était une ville fréquentable le soir (maintenant je sais que oui), je n'ai pas pris le risque de sortir trop tard.
De plus, The Bright Stream est un ballet "comique", "léger", "divertissant". A bas les tragédies ! Pas envie de tragédies, pas besoin de tragédies.
A noter que le fameux théâtre est en travaux. Travaux qui ont pris un retard considérable. On estime sa réouverture en fin d'année 2011. Cela dit, la salle voisine où nous avons passé une très bonne soirée est tout à fait charmante. Donne une idée de ce que doit être le Bolchoï.
J'aime la logique russe. La station de métro desservant le Bolchoï est Teatralnaya, celle du complexe olympique Loujniki "Sportivnaya"...
Excellente idée : dans les billetteries, on trouve des maquettes des salles de spectacle. Aucune ambiguité possible sur le placement car chaque mini-siège est numéroté...Ici la salle provisoire du théâtre Bolchoï.
En chemin, nous passons par la sinistre place qui abrite la Loubianka, le siège du KGB. Tous les bâtiments de la place font froid dans le dos. Non loin du Bolchoï, on trouve aussi l'imposante Douma, le parlement russe.
La Loubianka et ses ondes négatives. J'ai la chair de poule rien qu'à longer ses murs.
Autre vue de la Place Loubianka
La Douma d'Etat...
Puis nous nous rendons enfin sur la place russe la plus connue, la plus montrée, la plus emblématique : la Place Rouge. Elle est aussi en travaux et ça lui donne un charme fou. Voyez plutôt les photos.
En chemin : Russie, terre des ours et des loups, je confirme.
Soldat Inconnu
Toujours un frisson quand l'Histoire se croise.
La Place Rouge est bicolore : pavé gris et sable doré !
Votre serviteur [caille]
Il est l'heure de faire pitance et c'est l'occasion d'aller manger un bout dans le Goum, qui me fait penser aux grands magasins du boulevard Hausmann mais agencé différemment. Maman se souvient du Goum des années 70 avec ses magasins d'Etat. Maintenant on retrouve dans ses rues architecturales les franchises internationales et kyrielles d'articles de luxe. Petite entorse : nous mangeons italien.
Enfin, il est l'heure de flâner sur la Place Rouge, de ne pas se lasser de regarder la maison d’Hansel et Gretel la cathédrale Saint-Basile qui est aussi belle qu'en photos - même par temps maussade. C'est finalement la première "vraie" fois où je visite un monument religieux orthodoxe. Tout se passe en hauteur, les fidèles ne peuvent s'asseoir. Les iconostases, ces murs d'icônes très richement parés, nous happent littéralement, nous captivent. Il y a plusieurs salles de prières et c'est ainsi dans toutes les autres églises que j'ai pu visiter.
On zappe Lénine. Maman se souvient de files d'attente délirantes devant son Mausolée dans les années 70. Et aussi l'avoir vu bouger car ses lunettes ne correspondaient plus à sa vue. On zappe aussi le musée d'Histoire. Moscou en dix jours est un défi de toutes façons, il y a tant à voir.
Mausolée de Lénine.
Musée d'Histoire.
Et cathédrale Notre Dame de Kazan. C'était le zapping du jour...
Non loin de la Place Rouge, nous nous rendons à l'adorable Palais des boyards Romanov, boyard étant une forme d'aristocratie. Un témoignage précieux d'un cadre de vie noble au XVème siècle. Un coup de coeur qui me rappelle un précédent voyage en Norvège. Une vraie maison cosy, un vrai cocon, l'étage est tout de bois vêtu avec un système de chauffage ultra astucieux. Les poêles d'époque sont d'ailleurs de vrais objets de curiosité et de décoration, ancêtres céramiques du poêle de masse. Je n'en ai malheureusement pas photographié et le regrette "présentement".
Palais des boyards Romanov
Nous visitons en même temps qu'une classe d'élèves de primaire. On le remarque et le remarquera souvent : ils sont super super sages. Pas comme les ados qui ne peuvent s'empêcher de resquiller devant les agents de surveillance du métro devant alors s'époumoner dans leur sifflet pour signaler la fraude. Souvenir super comique de Moscou !
A première vue, les agents des musées (souvent de vieilles femmes russes) ont l'air froid mais très vite ils se métamorphosent en des personnes charmantes, souriantes et particulièrement serviables comme dans la galerie Tretiakov. Bien sûr, on était hors saison. Sans exagérer, il y avait quasiment toujours plus d'agents que de visiteurs dans les musées. En sortant, nous remarquons de gros tas de neige. Il y en a partout autour du Palais.
Je précise qu'avril est finalement un bon choix pour visiter Moscou car hormis l'inconvénient de la fraîche et humide météo, les musées ne sont pas plein. Pas de file d'attente. Tout le monde nous renseigne avec bon cœur. Les voitures sont conciliantes avec les piétons... De manière générale, les moscovites sont plutôt tranquilles, en vrais nordiques.
Et alors, un vent de fraîcheur et de folie pour finir la journée... La visite de l'incontournable musée Maïakovski. Indescriptible, il faut le voir.
C'est une ancienne et vaste résidence d'artistes transformée en un espace dédié à l'écrivain. Un savant mélange d'architecture (recherchée et très basée sur le travail du métal, je pense à l'évocation du Pont de Brooklyn), de souvenirs intimes, voire reliques de M. et de transposition de son écriture dans l'espace. A son image, une destructuration, un cheminement et le thème omniprésent de son humanisme enrichi de ses nombreux voyages. L'intérêt aussi c'est le travail d'équipe, le tribute que représente ce musée : des réalisations de nombreux artistes qui ont néanmoins respecté un axe commun, rendant l'ensemble de l'espace d'exposition cohérent. Ce n'était pas gagné. Le musée est - une fois n'est pas coutume - gratuit. Les salariés sont de vrais passionnés de M.. "J'ai vu des yeux briller".
L'entrée donne le ton de ce musée peu commun.
Après les chevilles ailées, l'oeil chevillé.
Le musée est à découvrir, ne serait ce que pour sa formidable scénographie.
Magnifique et sculptural travail qui m'a beaucoup touchée
Lili Brik (soeur d'Elsa Triolet) était sa muse.
Ils font un temps ménage à trois avec son époux. Comme M., elle se donne la mort 48 ans plus tard.
Nous visitons la rue Ilinka sur les conseils d'Irina mais là... Pardon, je n'y trouve rien de spécial. Surtout quand on a vécu à Paris. Ensuite, retour aux bercailles. On passe chercher des places de théâtre de marionnettes pour le samedi après-midi. Et on dîne dans la chaine Elki-Palki (apparemment c'est un équivalent de oh merrrrr...credi, un truc anti-grossièreté, sinon ça veut dire sapin-bâton, ne cherchez pas...). Bon cette chaîne, on en a fait notre cantine. On y a très bien mangé pour moitié prix de la France je dirai. J'imagine que c'est relativement cher en local.
La rue Ilinka...
Le soir, Irina passe un temps infini à nous trouver nos horaires d'ouverture de musées et à nous donner toutes sortes de conseils. Elle manque de s'étouffer devant certains de nos desiderata...
• N°1 : aller voir des vestiges de l'Union soviétique et par exemple le parc des statues déboulonnées. C'est un délire qui ne fait vraiment pas rire les russes, croyez moi !
• N°2 : notre soirée au Bolchoï. Mais pourquoi Bolchoï ? Stanislas MIEUX ! Ben... parce que vu de France, on connait pas Stanislas, OK ??
• N°3 : sortant mon maillot de bain, y a une chouette piscine dans le coin ? Irina, montrant toutes les directions possibles (sauf le plafond !), y en a là là là et encore là mais POURQUOI PISCINE ????
Bilan : Irina 3 - Nous 0 ;-)
C'est pour rire tout ça, je la remercie vraiment beaucoup pour tout le temps passé à nous aider dans notre périple moscovite ! Mais je confirme qu'on a renoncé aux points 1 à 3 !
Ah j'oubliais... Il y a une répétition générale des célébrations du 9 Mai (= notre 8 Mai) dans les rues de Moscou à 22 heures mais il pleut terriblement et le vent glacial s'est levé. Après une journée bien dense, nous restons au chaud.