Ligne Nice - Moscou : provodnics
Nice-Ville
J'ai presque cru à une hallucination à l'arrivée sur le panneau des six lettres magiques !
On est montées dans l'îlot russe ;-)
C'est une demi-surprise mais nous ne sommes que toutes les deux dans notre wagon. Du coup, nous avons chacune une cabine et elles communiquent entre elles. Il y aurait normalement jusqu'à trois couchettes par cabine, ce qui me parait délirant. Les espaces sont quand-même très restreints. La couchette tout en haut est archi-minuscule.
Comme prévu aussi, notre accompagnatrice, notre provodnic, n'est pas souriante du tout. Il y a un autre provodnic, un homme blond de taille moyenne, légèrement plus aimable. Seul l'employé du wagon-restaurant, Jénia, un étudiant ukrainien, est adorable. Il baragouine le français car il a bossé un temps à Courchevel.
Italie
Nous voilà déjà en Italie et il fait noir. Le train est hypercalme et roule doucement. Je sens que je vais bien dormir. Ce qui m'amuse, c'est le cérémonial autour de la douche. Maman demande si on peut se doucher. Réponse "oui, il faut demander à l'avance et je viens vous ouvrir". Puis le provodnic revient nous demander si on compte se doucher dans la soirée ou le lendemain. Débute une sorte de dialogue de sourds avec notre couple de provodnics, ils sont tellement heureux de travailler sur cette ligne que je me demande s'ils ne sont pas en plein bizutage.
On commence à manger quelques conserves et du pain frais quand l'homme arrive pour nous prévenir qu'il s'absente un quart d'heure pour manger. Je n'entends plus que le roulis du train et les bulles de ma canette de Perrier.
Nous constatons assez vite qu'il y a plus d'employés que de voyageurs dans le train, les autres wagons sont tout aussi vides. Dans notre wagon, la provodnic s'appelle Iélena. Nous réussissons de temps en temps à lui arracher un timide sourire. Je suis incapable de lui donner un âge. Ni jeune, ni vieille, tristounette. Le soir venu, je demande un truc apparemment "extraordinaire" au provodnic, celui de m'ouvrir la couchette du milieu au lieu du bas.
Il ouvre de grands yeux et s'écrie zatchem?? (pourquoi). En me rappelant de mes traversées en train de nuit de l'Egypte où la couchette du bas était la plus infernale, je dis tchoum (le bruit). Il ne veut rien savoir, je laisse couler. Arrivé dans sa cabine presque voisine, il raconte tout à un machiniste venu chercher sa tasse de thé au samovar et c'est parti pour un quart d'heure de fous rires. Au moins, je lui ai permis de passer un bon moment.
Le plus sympathique, c'est Jénia (pour Evguenia?) avec lequel j'aurais quelques bonnes conversations. Il nous informe que le wagon-restaurant ferme à 23 heures, soit dans une bonne heure. Nous faisons un saut pour boire un café. Il est superbe car panoramique. Je viens de voir des bouts de coucher de soleil sur la Riviera et je ne m'en remets pas.
Je passe une drôle de nuit. On discute avec Maman jusqu'à environ une heure du matin, jusqu'à l'arrêt en gare de Milan puis on essaye de dormir. C'est difficile bien que la couchette soit confortable. Je dois résister toute la nuit à l'envie d'ouvrir mes rideaux. Où sommes nous ? Où passons nous ? Ma seule consolation, c'est que tout ce trajet je l'ai fait l'été dernier en voiture de Salzburg à Innsbrück. Vers six heures du matin, je suis définitivement réveillée et prends mon petit-déjeuner. Tout est magnifique dehors. Maman dort bien donc j'attends sept heures et le passage du Col du Brenner pour lui dire où on est.
Mieux que la TV, une variété de paysages. L'Autriche est reposante.